Tous les métiers, postes, secteurs d’activité sont concernés par la digitalisation. Mais sur sa propre place de travail, comment intégrer ces futurs changements ? A quelles évolutions faut-il prêter attention ? Quelles compétences peut-on travailler pour suivre ces évolutions ? Réponses en sept points.

IA, cloud, data, cycles technologiques courts et numérique responsable s’installent durablement dans notre quotidien professionnel. Ces tendances de fond ne vont pas supprimer brutalement des métiers entiers, mais remodèleront en profondeur notre manière de travailler.

Pour les adopter, la curiosité, l’ouverture et la capacité à collaborer seront cruciales. Une technologie demande plusieurs essais et collaborations — parfois infructueuses — avant de s’implanter. Ceux qui l’investissent à temps sont en principe capables ensuite de naviguer à travers la complexité de ces évolutions, qui elles, ne cessent jamais de s’intensifier.

Le numérique transforme déjà nos univers de travail. Demain, des tâches concrètes disparaîtront très probablement : écriture comptable, secrétariat simple, saisie. Si les métiers de comptable ou de secrétaire ne vont pas disparaître du jour au lendemain, leurs tâches et fonctions évoluent radicalement. Et si ces métiers sont les premiers concernés, tous les secteurs d’activités sont concernés. Voici sept phénomènes à comprendre et à suivre pour anticiper les transformations professionnelles de la décennie à venir.

1- L’arrivée du low code

Le « low code » est une méthode de développement de logiciels qui ne demande pas d’expérience ou de connaissance en codage. Des personnes non qualifiées dans le domaine informatique vont ainsi pouvoir créer des applications. D’ici une décennie, une grande série d’outils seront créés ainsi, notamment parce que la demande de développeurs est si importante qu’il va falloir la résorber.

2- La banalisation de l’IA

La ruée sur ChatGPT l’a montré : l’intelligence artificielle est aujourd’hui démocratisée. Open AI, l’entreprise qui l’a conçue a défrayé la chronique cet hiver en apportant la preuve que son outil produit des textes clairs sur une vaste série de questions précises en un temps record. Elle teste aujourd’hui une version professionnelle de son logiciel à disposition des entreprises. L’IA ne va pas seulement changer certaines professions ou modifier certains services. Cette technologie va changer toutes nos manières de travailler.


Lire notre article : Comment la digitalisation transforme-t-elle la finance ?


Pour le moment, les outils applicatifs vont encore devoir être créés et adaptés pour chaque branche. Le premier enjeu sera d’abord de comprendre les applications possibles de cette technologie, la façon de l’utiliser de manière à créer de la valeur ajoutée dans son métier ou sa fonction. D’ici dix ans, estime Laurent Chatelanat fondateur et CEO d’Olympe, entreprise suisse commercialisant une plateforme de composition (évolution du low-code), « c’est l’IA qui s’adaptera à nous et non l’inverse. » Il faudra composer avec cette technologie, que l’on ait eu le temps de la comprendre en profondeur ou pas.

3- Des cycles technologiques courts

Le premier ordinateur date de 1950, mais les PC individuels ne se sont généralisés que dans les années 1990. Le premier smartphone date de 2007. En 2023, il représente l’écrasante majorité des téléphones individuels. Le délai entre une innovation et sa démocratisation s’est sensiblement raccourci. Cependant, entre la disponibilité d’une technologie pour le grand public, et l’élaboration de produits ou services à valeur ajoutée basés sur cette technologie, il peut y avoir un délai tout aussi important. Par exemple entre l’apparition du smartphone et le développement d’une application météo qui répond aux besoins de professionnels du bâtiment.

Chaque technologie demande donc un temps d’apprentissage avant de pouvoir apporter de l’efficacité et de la rentabilité. Ce délai implique aussi des pertes : avant d’être répandue dans l’art et la finance, la blockchain a été testée dans une série de secteurs, sans leur apporter d’innovations aussi disruptives que dans ces deux premiers domaines. Pour chaque technologie naissante, l’enjeu est donc d’imaginer ou de concevoir le bénéfice qu’elle peut apporter à votre métier, vos produits, vos services ou votre secteur d’activité, si possible avant vos concurrents. Et pourquoi pas, en incluant votre écosystème (clients, partenaires, employés, collègues, instituts de formation) dans cette discussion ?

4- Des besoins de niche

Cette logique est une conséquence de la tendance précédente. Si l’IA se répand dans tous les domaines, elle va par exemple transformer aussi la vie des dentistes. Il faudra donc imaginer des logiciels et outils spécialisés pour les experts en dentition. Ce qui implique que toute une économie se développera dans les produits technologiques pour les cabinets dentaires. Ce raisonnement est également valable pour les avocats, les comptables, les électriciens, etc. Quels sont les besoins technologiques dont votre métier a besoin ? Mais quels seront aussi ceux de vos clients, demain ? Ce sont ces évolutions qu’il convient de comprendre et d’anticiper.

5- La data et ses savoir-faire

Pour qu’une IA fonctionne, « elle doit pouvoir s’appuyer sur des données claires, lisibles, préparées, calibrées », précise Laurent Chatelanat. Les métiers de la donnée vont rapidement devenir indispensables, mais aussi de plus en plus spécialisés. Il faudra comprendre leur sens, savoir les normaliser, les structurer, pour que leur exploitation soit le plus pertinente possible. D’autant plus que leur collecte va devenir plus difficile, les règlements et lois en la matière se renforçant au fil du temps.

Un savoir-faire juridique couplé à une connaissance technique devient donc stratégique dans le domaine. La construction des modèles ou d’outils basés sur l’exploitation des données demande des compétences encore plus différentes : mathématiques, informatique, mais aussi capacités artistiques, intuition, créativité. « Il faudra des compétences pour imaginer et concevoir ces outils, mais aussi pour les questionner et savoir interpréter leurs résultats », complète le dirigeant.

6- Passer du cloud au edge computing

La décennie 2010 a été celle du cloud : les données et services numériques décentralisés étaient vus comme la quintessence de l’efficacité et de la sécurité. Quelques cyberattaques et crises énergétiques plus tard, le balancier est arrivé dans l’autre sens. Bienvenue à l’ère du Edge computing, autrement dit le stockage « sur les bords (edge) » du réseau. Des smartphones aux voitures, une grande partie des données sera désormais stockée sur les objets connectés eux-mêmes.

7- Adopter des pratiques responsables dans le numérique aussi

Un code qui consomme moins d’énergie, des sites web plus légers et efficaces, la vidéo oui, mais avec parcimonie, le renouvellement d’équipements informatiques accepté, mais ralenti… L’empreinte carbone concerne aussi le numérique et aujourd’hui toutes les industries, sommées de mesurer leur impact, en prennent conscience. Les solutions ne sont pas encore démocratisées, mais impossible d’ignorer cette tendance qui va inévitablement se développer.

Les compétences et profils recherchés ?

Dans ce contexte, quels sont les profils recherchés ?

 D’abord, les personnes capables de collaborer. L’entreprise Olympe en sait quelque chose. « Nous sommes nés du besoin d’un outil collaboratif entre les gens issus de la tech et les spécialistes de différents métiers. J’étais frustré, en tant que développeur informatique, d’avoir le sentiment de ne jamais délivrer exactement l’outil dont les gens avaient besoin au quotidien. Quand on est spécialiste d’un domaine, on sait pourquoi on fait des choix. Quand on est un bon développeur, on doit être capable de comprendre les problématiques de professionnels », explique Laurent Chatelanat. Les interactions entre les gens de métier et les spécialistes informatiques vont se multiplier. Les employés qui se démarqueront le feront par leur capacité à travailler avec des experts d’un autre secteur que le leur. Ce qui demande d’autres précieuses qualités : l’ouverture et surtout un goût pour la complexité.

 Les traducteurs de technologies. Vous sollicitez une IA qui produit un texte, sélectionne une image, vous procure un chiffre ou un document, mais au fond, pourquoi en est-elle arrivée à ce choix ? « Il va nous falloir des spécialistes capables d’expliquer pourquoi un système informatique a pris une décision plutôt qu’une autre, qui sauront décrypter ce qui se passe derrière l’automatisation d’une fonction », explique Robert Düfner, responsable du service de la formation.

— Les curieux. Suivre une technologie naissante, imaginer ses applications potentielles, discuter avec ceux qui l’utilisent dans sa région, la tester et contribuer à l’améliorer vaut toutes les formations du monde ou presque dans le domaine en perpétuelle évolution du digital. Les friands de technologie et early adopters en ont parfois pour leurs frais : nombre d’outils, d’app, de réseaux ne durent qu’un temps. Les tendances de fond, elles, s’avouent structurantes.

— Les communicants

Si la technologie se développe, l’humain reste bien entendu au centre. Les compétences sociales, soft skills, la capacité à convaincre, négocier, argumenter restent évidemment centrales lorsqu’il s’agit d’utiliser et de co-développer de nouveaux outils, de revoir sa manière de travailler, ou d’investir le travail d’équipe parce que les tâches du quotidien sont automatisées.

Intervenants dans l’article

Laurent Chatelanat

LinkedIn

Fondateur et CEO d’Olympe

Robert Dufner

LinkedIn

Responsable du service de la formation chez Romandie Formation

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