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Avocats, experts comptables et fiscaux, conseillers bancaires… : autant de métiers impliqués dans la transmission d’entreprise. Pourtant, aucune spécialité n’offre une expertise globale du sujet. C’est cette lacune que vient combler une formation dédiée. Le CAS HES-SO en fusions, acquisitions et transmissions d’entreprises a été mis en place par la HEIG-VD d’Yverdon-les-Bains en partenariat avec Romandie Formation.

Transformation

Par le passé, 75% des entreprises familiales étaient reprises par des proches du fondateur. Aujourd’hui, « c’est moins de 50% », remarque Claude Romy, administrateur d’entreprise et co-directeur du CAS en fusions, acquisitions et transmissions d’entreprises (CAS FATE), proposé par Romandie Formation.

En quelques années, la manière dont les sociétés sont cédées a profondément changé. « Les jeunes se posent beaucoup de questions sur l’entrepreneuriat, hésitent parfois à reprendre l’entreprise familiale », pointe Claude Romy.

La dernière décennie a vu l’apparition de nouveaux acteurs, les fonds de private equity, les investisseurs privés, ou encore les groupes alémaniques ou internationaux. Résultat « la voie familiale est de moins en moins naturelle. »

Plusieurs places de marché électroniques mettant en lien acquéreurs et repreneurs sont nées, sans résultat concluant pour le moment. Selon des chiffres du SECO, plusieurs dizaines de milliers de TPE/PME seraient à céder ces prochaines années, en raison du départ à la retraite d’une génération de baby-boomers

S’il connaît des modifications importantes, le marché reste donc très dynamique. « Tous les cinq ans, une PME sur cinq est transmise. En règle générale, c’est après vingt ans d’existence qu’une entreprise est cédée. Il y a cependant toujours des exceptions », complète Vincent Dousse, à la tête de sa fiduciaire, enseignant à la HEIG-VD, et directeur du CAS FATE.

Problématiques multidisciplinaires et complexes

Problème, les champs juridiques et financiers se sont aussi complexifiés ces dernières années. Les fusions-acquisitions font donc appel à des compétences de plus en plus pointues. « Il y a l’enjeu du financement pour le cédant. Il y a les aspects fiscaux, juridiques mais aussi stratégiques : le maintien des emplois et du savoir-faire sont cruciaux ».

Enfin chaque cession pose des questions délicates :

  • Quand plusieurs repreneurs sont sur les rangs, quelles informations sensibles transmettre et à quel moment ?
  • Si l’achat se fait en plusieurs étapes par le repreneur, qu’en est-il de sa prise effective de pouvoir décisionnel ?
  • Dispose-t-il des compétences et des moyens financiers pour faire évoluer l’entreprise ?

« Outre ces questions, une transmission pose des enjeux humains et émotionnels complexes, qu’il faut savoir percevoir. C’est une opération unique pour le cédant, il a donc besoin d’un accompagnement sur mesure par des professionnels qui maîtrisent tous les aspects d’une transmission et leurs conséquences », insiste Vincent Dousse.

Une formation de niveau académique sur ces questions manquait en Suisse. « Fort de ce constat, nous avons proposé à la HEIG-VD et au Centre Patronal de mettre en place une formation très orientée sur la pratique permettant une revue complète de tout le processus de transmission, et de toutes ses implications », résume Claude Romy.

C’est en 2017 que le CAS en fusions, acquisitions et transmissions d’entreprises a été mis en place par la HEIG-VD en partenariat avec Romandie Formation. Cinq volées d’étudiants y ont déjà participé, les inscriptions pour la sixième qui démarrera en janvier 2024 sont ouvertes.

Parler le langage des experts

Destiné à des personnes justifiant d’une bonne formation de base, le CAS FATE réunit des participantes et participants de toute la Suisse romande, parmi tous les métiers concernés par la transmission d’entreprise : avocats, experts comptables, conseillers fiscaux ou bancaires…

« En ce qui me concerne, le défi était d’étoffer mes connaissances dans les domaines que je pratique au quotidien et plus particulièrement ceux qui me sont étrangers. Ce CAS a renforcé ma vision à 360 degrés des problématiques de la vie de l’entreprise », explique Maître Marie Vuillaume, avocate fiscaliste à Delémont (Fidag Jura SA) diplômée du CAS en 2018.

D’une durée de 12 mois, le programme de cette formation offre une exploration complète de tous les aspects englobés par la transmission d’entreprise, de ses étapes de planification stratégique à ses aspects juridiques, incluant aussi les questions financières, fiscales et de succession.

Chaque module fait appel à des experts reconnus dans leur domaine. Les cours ont lieu au Centre Patronal à Paudex et à la HEIG-VD d’Yverdon-les-Bains.

Parmi les questions centrales, toutes les dimensions juridiques, « parce qu’elles interviennent à tous les moments d’une cession d’entreprise », expliquent les formateurs. Un module complet est également dédié à l’évaluation financière de l’entreprise, étape sensible dans toutes les reprises. « Plusieurs méthodes existent. Il s’agit de toutes les connaître, de savoir dans quels secteurs d’activités elles sont privilégiées et d’identifier leurs avantages et leurs inconvénients.

Même dans une transmission familiale, où le prix de cession est souvent bien inférieur à la valeur de marché, le cédant souhaite connaître la valeur de son entreprise », souligne Vincent Dousse.

Autre défi : la question du financement d’une reprise d’entreprise. Ici, tous les mécanismes possibles sont passés en revue : holdings d’acquisition, financement bancaire, prise de participation minoritaire par des investisseurs… Autant de solutions sources d’atouts et de faiblesses.

« Comme soutien aux patrons de PME, je suis d’avis qu’il faut comprendre leurs problématiques de manière transversale et multidisciplinaire, même si l’on a toujours des compétences personnelles spécifiques », explique Louis Tornay, expert fiscal à Verbier (Swiss Tax Services) et alumni de la formation.

L’objectif de toutes les sessions de cours est d’apporter la vision la plus large possible, non de s’encombrer de détails techniques superflus. « Le but est d’apprendre à comprendre le langage utilisé par différents professionnels et les enjeux qu’ils peuvent résoudre. Par exemple, la propriété intellectuelle peut s’avérer complexe. Nous n’apportons pas un cours spécialisé sur le sujet, mais nous apprenons à repérer les situations où il est judicieux, voire nécessaire, de faire appel à un spécialiste. Est-ce qu’on cède une marque, son design, etc,… ? », détaille Vincent Dousse.

A noter que la formation va plus loin que la simple reprise d’entreprise, elle intègre aussi les aspects « post-acquisition » : comment communiquer à l’interne, réorganiser, comment gérer le changement de culture d’entreprise ?

Cas pratique et réseau précieux

Apprendre est plus agréable à travers les échanges et l’interactivité. Les classes du CAS HES-SO en fusions, acquisitions et transmissions d’entreprises ne dépassent pas la vingtaine de participantes et participants. Issus de toute la Suisse romande et de différents horizons, toutes et tous apportent leur expérience de terrain.

Les échanges sont nourris, avec les formateurs aussi dotés d’un solide bagage. « J’ai particulièrement apprécié les interventions de qualité données par les professionnels spécialisés dans ce type d’opérations. Les cours sont très largement orientés vers la pratique », glisse maître Sarah El-Abshihy, avocate à Montreux (Étude ETC Avocats), qui a achevé la formation cette année.

L’examen final comprend notamment une étude de cas pratique multidisciplinaire à réaliser et à présenter en équipe. Ce travail permet de s’approprier la matière, d’intégrer de nouveaux réflexes et dispositions d’esprit face aux questions de transmissions. Il crée également des liens entre les participants !  « La formation m’a permis de développer des relations humaines riches en expériences », souligne ainsi Guillaume Stalder, conseiller bancaire auprès des grandes entreprises (BCVS). 

Un espace de réseautage précieux pour le métier : la Chambre suisse des experts en transmission d’entreprise fondée en 2019 compte aujourd’hui 115 membres se retrouvant plusieurs fois par an pour des masterclass pointues. Tous les alumni de la formation y sont éligibles de droit. L’antichambre d’une profession à part entière ? L’expertise dans la transmission d’entreprise s’avère dans tous les cas un atout toujours plus précieux.

Intervenants dans l’article

Claude Romy

Claude Romy

LinkedIn

Administrateur d’entreprise

Vincent Dousse

Vincent Dousse

LinkedIn

Directeur chez Doxior Cabinet fiduciaire S.A.

Maître Marie Vuillaume

LinkedIn

Avocate fiscaliste à Delémont (Fidag Jura SA)

Maître Sarah El-Abshihy

LinkedIn

Avocate à Montreux (Étude ETC Avocats)

Louis Tornay

LinkedIn

Expert fiscal à Verbier (Swiss Tax Services)

Guillaume Stalder

LinkedIn

Conseiller bancaire auprès des grandes entreprises (BCVs)

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