Animer une équipe, mettre les salariés en confiance, s’assurer qu’une stratégie est menée à bien : le rôle des managers est toujours plus crucial et de plus en plus porté sur les compétences humaines. Les formations en la matière se sont elles aussi diversifiées et multipliées. Comment dénicher puis choisir celle dont vous avez besoin ? Regards d’experts.

D’ici 2035, environ la moitié des employés en Suisse bénéficieront d’une qualification tertiaire. Pour manager des équipes aux qualifications toujours plus pointues, investir dans son métier de manager est un choix de carrière pertinent et stratégique.

Le rôle du management en entreprise « est de plus en plus crucial », observe Marc Benninger, rédacteur en chef du magazine HR Today en Suisse Romande. « Dans une économie toujours plus complexe, où les décisions se prennent toujours plus vite, le rôle du manager est plus important. Les entreprises ont besoin d’eux pour assurer la performance de l’entreprise mais aussi s’assurer que les salariés soient à l’aise dans leur poste », alors que la guerre des talents fait clairement rage.

Evidemment, selon chaque secteur d’activité le rôle du manager varie. Mais quelques points communs subsistent : à lui de s’assurer que chacun comprend et partage la vision et les objectifs de l’entreprise, à lui de régler les soucis quand il s’agit d’opérationnaliser une stratégie, à lui de régler les problèmes non résolus par les collaborateurs. Enfin, à lui de veiller à la santé et au bien-être de chacun.

Si des compétences métiers transversales sont donc nécessaires (économie, gestion, droit), des ‘soft skills’ le sont aussi. Et ces dernières années, elles ont pris une place « essentielle », confirment tous les experts consultés.

Vous avez dit ‘soft skills’ ?

Ce terme désigne une série de compétences comportementales, qui font appel à un savoir-faire émotionnel et communicationnel. Par exemple, savoir donner et recueillir du feedback, écouter des besoins, comprendre les enjeux d’une situation ou d’un projet en profondeur pour y apporter des solutions adaptées, réagir face à une situation d’abus d’autorité etc. Elles peuvent s’apprendre par l’expérience, ainsi que la mise en situation.

Mais, rappelle Marc Benninger, elles demandent aussi et surtout une solide connaissance de soi à plusieurs niveaux : limites et capacités physiques, psychologiques, émotionnelles. Des savoirs qui peuvent s’acquérir via le coaching, la sophrologie, la méditation pleine conscience. « Des pratiques auparavant tabou mais qui ont prouvé leur efficacité pour cultiver des liens humains de qualité au travail », explique l’expert.

Développer une écoute des autres et de soi est désormais aussi important que d’atteindre des objectifs en temps voulu, avec des nuances selon le secteur d’activité. Mais assurer la seule productivité n’est plus ce qui est attendu d’un manager. Dans des domaines où la relation humaine est centrale, par exemple les soins à la personne, il doit être tour à tour animateur, expert, écoutant, coach, stratège…Où apprend-on cela ? Deux filières de formation bien distinctes existent, explique Rémy Hübschi, responsable de la formation continue au secrétariat d’Etat pour la formation la recherche et l’innovation (SEFRI). Elles répondent à des objectifs différents.


Lire aussi : Ce qu’il faut savoir avant de démarrer une formation professionnelle


La formation professionnelle supérieure

Il existe des dizaines de diplômes et brevets fédéraux en management. Les contenus des cours de ces derniers sont élaborés par les branches professionnelles en fonction des besoins actuels du monde du travail.  Autrement dit « c’est le monde professionnel qui définit quelles compétences sont aujourd’hui nécessaires pour exercer le métier de manager dans sa branche », résume Rémy Hübschi.

Les soft skills, par exemple, ont été largement intégrées dans ces formations, de manière très pratique (résolutions de cas concrets, mises en situation…). Enfin, ces formations sont en général assez exigeantes, le niveau de sélection étant assez « élevé », reconnaît le responsable, et donc bien apprécié des entreprises. « Il y a quelques années, les examens consistaient en des questionnaires, aujourd’hui il faut développer et argumenter ses choix », détaille Frédéric Bonjour, directeur de Romandie Formation.

Les atouts?

  • Elles répondent directement aux besoins du monde du travail et vous garantissent donc une employabilité rapide: en les suivant, vous répondez aux standards que s’est fixée chaque branche.
  • Elles sont lisibles par n’importe quelle entreprise: vous avez été formé à Lausanne, mais déménagez à Lugano? Le niveau de compétences de votre brevet fédéral en management est compris et reconnu. Une enquête de 2012 réalisée sur 1000 entreprises montre que selon le brevet et la branche, les compétences requises étaient identifiées et connues.
  • Cette large reconnaissance de la part du monde économique dans ces formations, donne la plupart du temps accès à des responsabilités et à un niveau de rémunération supérieure après obtention d’un diplôme ou un brevet fédéral. «Un brevet fédéral est en général rentabilisé dans les 24 mois après son obtention », résume Frédéric Bonjour.
  • Étant donné qu’elles sont reconnues, la prise en charge financière de ces formations est souvent acceptée, en partie, par les entreprises suisses qui y voient clairement leur intérêt.

Les inconvénients?

  • Malgré la traduction des titres de ces formations professionnelles fédérales, elles ne sont souvent pas connues et donc pas lisibles sur le marché international du travail. Si vous postulez à l’étranger, ou dans une entreprise internationale il est donc possible que votre recruteur ne sache pas à quoi correspond votre diplôme.

La formation continue

CAS, MAS, DAS, MBA, EMBA, Micro-MBA…C’est à proprement parler ici qu’on peut parler de « jungle ». L’offre privée de formation en la matière a explosé en même temps que l’essor du management. Chaque année des listes et des classements sont publiés par des médias spécialisés. Pour y voir plus clair, on peut distinguer deux groupes :

CAS, MAS, DAS

Certificate of advanced studies, Master of advanced studies, Diploma of advanced studies : Ces formations sont des spécialisations universitaires, non liées au monde de l’entreprise mais à celui de la recherche. Elles diffèrent principalement par leur durée d’enseignement et par le nombre de crédits universitaires qu’elles rapportent (un an maximum pour le CAS, avec 250 heures de formation, 1 à 2 ans pour le DAS et minimum 750 heures, 1 à 3 ans pour le MAS et 1500 heures minimum). Le site de l’Université de Genève apporte un récapitulatif utile. A noter que des travaux écrits sont toujours attendus.

Les atouts?

  • Ces diplômes vous apportent une spécialisation approfondie sur un thème spécifique. Ils permettent de gagner en compétences dans son métier ou d’élargir son champ de compétences. Ils sont donc bienvenus si vous êtes déjà un manager reconnu et que voulez continuer à apprendre. Ils peuvent être très importants, « si votre diplôme date d’il y a vingt ans et que vous devez mettre à jour vos connaissances sur un point précis », pointe Rémy Hübschi.
  • Etant donné qu’ils sont dotés de crédits ECTS (grades européens de notation universitaire), ces diplômes sont « un passeport pour la mobilité académique », explique Frédéric Bonjour. Si vous souhaitez réaliser une spécialisation dans une université en particulier, parce qu’un domaine ou une faculté vous intéresse, ou même vous orienter vers la recherche, c’est la voie royale.

Les inconvénients?

  • Une faible lisibilité du point de vue des entreprises, puisque ces diplômes ne sont pas élaborés par le monde économique et ne sont pas certifiants.
  • Une très grande hétérogénéité. « Tous les CAS, par exemple, ne se valent pas», observe Frédéric Bonjour.
  • Il vaut mieux, pour intégrer ces formations ou du moins les suivre avec aisance, avoir un certain bagage universitaire, ce qui restreint quelque peu leur accès.
  • Une difficulté à tirer directement des avantages directement financiers ou d’employabilité : ils permettent en général de mieux faire ou de mieux comprendre son métier, mais pas de changer d’échelon hiérarchique.

MBA, EMBA, Micro-MBA

Master of business administration, Executive Master of Business Administration… Ces diplômes « découlent de l’organisation traditionnelle de l’entreprise depuis moitié du XXe siècle. On y apprend les codes et mécaniques de la grande entreprise moderne : finances, compliance, questions juridiques etc. Ce sont des diplômes qui apportent les logiques et la culture des multinationales », affirme Marc Benninger.

Les atouts ?

  • Selon l’institution choisie (EPFL, Harvard, Stanford, IMD…) une excellente renommée : l’IMD et l’EPFL sont réputées et connues à l’international pour le bon niveau de leurs formations.
  • L’ouverture à un réseau mondial : outre vos camarades de promotion, ces formations vous permettent d’entrer en contact avec les alumnis de chaque école, et donc un réseau potentiel de dirigeants dans le monde entier.

Les inconvénients ?

  • Le prix. Le marché des formations privées n’est pas régulé et c’est l’offre et la demande qui les dicte. Ces dernières années, très clairement, ces formations ont été une source de financement et un relais de croissance pour beaucoup d’écoles et d’instituts. « La financiarisation de l’économie a contraint les Unis et Hautes Ecoles de rechercher des fonds, devenir rentable, au même titre qu’éduquer et faire de la recherche. Elles ont donc investi dans ces domaines », observe Marc Benninger. Au détriment, parfois de la qualité.
  • La lisibilité : si ces diplômes sont reconnus dans les multinationales lorsqu’ils sont délivrés par des écoles reconnues, c’est moins le cas quand ils viennent d’une école moins prestigieuse (même si la formation en soi peut être tout aussi excellente).
  • La qualité : c’est le prix qui fait la valeur d’un MBA ou un EMBA, et non l’exigence académique. Une sélection donc très restrictive.

Conseils pratiques

Petit mémo pratique si vous devez choisir une formation en management

  1. Quels sont vos besoins, comment la formation va-t-elle y répondre ?
  2. Est-ce que la formation offre un partage d’expériences ? Comment votre spécificité et votre métier seront pris en compte ? Quel est le temps consacré aux cas pratiques ? 
  3. Existe-t-il un classement qui inclut votre formation ? Classement de Shanghai pour les universités, classements privés… Que pouvez-vous en retenir ?
  4. Dans votre secteur professionnel, comment est reconnue la formation : bouche à oreille, presse spécialisée, reconnaissance de la branche ?
  5. Est-ce que vous avez des besoins très précis ? Parfois un travail de coaching ou une formation ponctuelle

Intervenants dans l’article

Rémy Hübschi

LinkedIn

Directeur suppléant du SEFRI.

Marc Benninger

LinkedIn

Rédacteur en chef de la version française de HR Today depuis 2006.

Frédéric Bonjour

LinkedIn

Directeur de Romandie Formation.

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